Mots :: Ned Morgan // traduction :: Frédérique Sauvée // photos :: Vincent Colliard.
Réalisatrice de films documentaires, exploratrice et athlète d’endurance professionnelle, la Québécoise Caroline Côté voue un amour indéfectible aux contrées les plus froides et les plus reculées du monde. Sa grande expérience de la neige et de la glace lui a fait prendre conscience que l’hiver est précieux – et de plus en plus menacé par le changement climatique.

En novembre prochain, Caroline tentera de devenir la femme la plus rapide à atteindre le pôle Sud à skis, lors d’une expédition en solitaire en Antarctique. Elle commencera à l’anse Hercules (Hercules Inlet) et skiera jusqu’à dix heures par jour face à des vents violents et des brouillards de neige aveuglants. Jusqu’à présent, moins d’une dizaine de femmes ont atteint le pôle à ski en solo. Véritable test d’endurance et de force mentale, Caroline considère ce défi comme le plus important de sa carrière.
Au-delà de cette quête personnelle, son objectif est de sensibiliser le public aux problèmes environnementaux bien visibles en Antarctique à travers la mission de Protect Our Winters (POW) Canada. POW a d’ailleurs lancé une page spéciale de dons pour soutenir l’expédition.
Caroline Côté a pris une courte pause lors de son entraînement au Québec la semaine dernière pour nous parler.

Mountain Life : Depuis combien de temps vous entraînez-vous pour cette expédition ?
Caroline Côté : C’est difficile de se préparer pour des conditions extrêmes qu’on ne rencontre qu’en Antarctique. J’ai donc essayé de faire des expéditions plus courtes pour pouvoir tester mon matériel et ma condition physique. Cela fait environ deux ans que j’ai commencé à m’entraîner physiquement et mentalement. Je sais déjà naviguer dans des conditions hivernales à l’aide d’une boussole, mais cette fois, je vais vraiment devoir être capable de progresser en ligne droite dans des conditions qu’on appelle de voile blanc. Je suis d’ailleurs allée au Groenland le mois dernier dans le cadre d’une expédition d’un mois afin de m’améliorer en matière de navigation.
ML : Préférez-vous utiliser une boussole ou un appareil GPS ?
CC : J’apporte toujours les deux avec moi. Je vais probablement commencer mes journées en me fiant au GPS, pour voir si je suis sur la bonne trajectoire. Ensuite, j’essaierai de trouver le meilleur itinéraire possible, sachant que je peux parfois m’en écarter à cause de la neige ou d’une faible visibilité. Donc chaque matin ainsi qu’une ou deux fois par jour, je vérifierai si je ne dévie pas trop. La boussole pendra certainement autour de mon cou pendant tout le voyage.

ML : Vous avez dû examiner attentivement le parcours. Vous connaissez donc déjà les obstacles et les dangers.
CC : Oui, dans le passé, j’ai déjà réalisé des parcours plus difficiles en Antarctique, certains près de fjords, un environnement vraiment périlleux avec des crevasses. Mais pour cette expédition-ci, je cheminerai essentiellement sur un plateau. Ma route vers le pôle Sud via l’anse Hercules représente 1130 kilomètres, presqu’en ligne droite. Au début, il y aura peut-être quelques crevasses, mais pas beaucoup. Mais le simple fait d’affronter le froid et d’être seule est un défi de taille que je vais devoir relever chaque jour.
Si l’expédition s’éternise, la météo va se dégrader de plus en plus. Dans de telles conditions polaires, il faut également faire très attention aux blessures, aux cuisses notamment, qui peuvent souffrir d’un phénomène d’inflammation douloureuse et handicapante.

ML : Un membre de votre équipe vous suivra-t-il à distance ?
CC : Je suis dans l’obligation d’appeler chaque jour quelqu’un de mon équipe pour lui faire part de ma position. Cette conversation quotidienne sert également à évaluer si je suis capable de continuer. Il s’agit d’une procédure imposée par l’ALE [Antarctic Logistics & Expeditions LLC] pour toutes expéditions en Antarctique. Par ailleurs, Lars Ebbesen, un prévisionniste [et également guide polaire norvégien], m’enverra chaque jour un bulletin météo pour s’assurer que je ne me dirige pas tout droit vers une tempête. Auquel cas, il est possible soit d’essayer de rester au bord de celle-ci soit d’attendre dans sa tente. Il est vraiment plus sécuritaire d’avoir quelqu’un qui vous aide avec les prévisions météorologiques lors d’une telle expédition.
ML : Pensez-vous que cette expédition en solo sera un plus grand défi, étant donné que vous étiez accompagnée lors de la plupart de vos précédentes longues expéditions ?
CC : C’est étrange, je dirais que dans ma vie, je n’ai jamais eu la chance d’être 100 % seule pendant plus de 10 jours. Je suis de tempérament introverti, mais il est toujours difficile de comprendre ce que cela fait d’être seule pendant si longtemps. Après les 10 jours que j’ai passés seule lors d’une expédition sur la Côte-Nord du Québec, je sentais que j’avais besoin de parler à quelqu’un, de m’exprimer. Je ne sais donc pas comment je vais réagir cette fois, pendant 30 ou 40 jours passés seule. Mais en même temps, je prévois d’échanger des nouvelles avec des amis via sur mon appareil InReach afin d’avoir quelque chose à lire.

ML : Vous donnez-vous une distance minimale chaque jour ? Comment allez-vous rythmer votre périple ?
CC : J’essaierai de parcourir une distance d’au moins 20 kilomètres chaque jour. Je vois cette expédition comme une course avec moi-même. En même temps, cela me donne de l’énergie d’avoir un objectif [celui de battre le record de vitesse féminin]. Je vais pousser la machine comme je le ferais lors d’une course en sentier, vous voyez ?

ML : Cette expédition a pour but de sensibiliser le public à la cause de Protect Our Winters et à la crise climatique. Comment espérez-vous y parvenir ?
CC : C’est compliqué. Je vais devoir prendre l’avion pour me rendre en Antarctique et je sais qu’il aurait été plus écologique de ne pas y aller – mais je dois vraiment le faire. Quand je parlerai aux gens après l’expédition, je veux pouvoir leur dire ce que j’ai vu là-bas. J’ai déjà eu la chance de participer à des expéditions polaires par le passé – au Groenland, en Antarctique à deux reprises, au Svalbard [un archipel en Norvège] et dans l’Arctique canadien. Je vois donc à quel point la disparition de la glace est problématique.

Nous avons dû interrompre des expéditions parce qu’il n’y avait pas suffisamment de neige ou de glace par rapport aux années précédentes. S’il n’y avait que moi pour parler du [changement climatique], ça serait difficile, mais Protect Our Winters peut toucher beaucoup plus de monde. Nous avons ainsi une voix importante pour influencer à la fois le gouvernement et les gens.
Caroline’s South Pole Gear Shed:
HELLY HANSEN ODIN 9 WORLDS INFINITY SHELL JACKET — this award-winning shell jacket provides extreme protection featuring Helly Hansen’s LIFA INFINITY PRO™ 3-layer construction. Built without chemicals or solvents, this technology ensures everlasting waterproof protection that does not need to be reactivated or reproofed.

HELLY HANSEN ODIN MOUNTAIN INFINITY 3L BIB SKI PANTS — in addition to extreme weatherproofing (also featuring LIFA INFINITY PRO™) the Odin bib is made for optimal mobility. It has an articulated cut for freedom of movement in combination with 4-way stretch softshell fabric.

HELLY HANSEN ODIN STRETCH HOODED INSULATOR — featuring warm and light Primaloft® Gold Active insulation paired with a superlight and stretchy fabric, this is the most comfortable, light and soft insulator jacket around.

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